samedi 12 juillet 2025

🔺 3 jours de jeûne, 362 jours de gêne

 


Je suis de ceux qui croient en la puissance de la prière et du jeûne, qu’il soit physique ou spirituel. Dans les moments difficiles, l’homme, et tout particulièrement le chrétien, est appelé à se consacrer à la prière pour chercher la volonté de Dieu et savoir comment agir. La Bible nous donne de nombreux exemples de jeûne.

Dans sa détresse, David jeûna pour exprimer sa douleur et intercéder pour la vie de son enfant (2 Samuel 12:16). Esther rassembla les Juifs pour un jeûne collectif de trois jours en vue du salut de son peuple (Esther 4:16). En vue de reconstruire les murailles de Jérusalem, Néhémie jeûna devant Dieu (Néhémie 1:4). Face au danger, Josaphat proclama un jeûne pour tout Juda (2 Chroniques 20:3). Et pour éviter le jugement divin, les habitants de Ninive annoncèrent un jeûne collectif en signe d’humiliation (Jonas 3:5).

Il s’agissait là de pratiques profondément ancrées dans le judaïsme, accomplies par un peuple choisi qui s’adressait directement à son Dieu. Mais avec la venue de Jésus, le Nouveau Testament donne au jeûne une dimension nouvelle et intérieure.

En Matthieu 4:2, nous voyons que Jésus jeûna quarante jours et quarante nuits avant de commencer son ministère, un temps de consécration unique lié à sa mission messianique. Il ne nous commande pas de faire comme lui, mais son exemple montre l’importance de se préparer spirituellement.

Dans Matthieu 6:16–18, Jésus enseigne à jeûner avec simplicité, discrétion et sincérité. Ce type de jeûne est intime, inutile de l’afficher comme une pratique religieuse pour impressionner les autres. C’est une démarche du cœur. Anne, prophétesse, servait Dieu nuit et jour dans le jeûne et la prière (Luc 2:37). Elle vivait une vie consacrée à Dieu.

L’Église primitive jeûnait dans diverses circonstances : Avant d’envoyer Paul et Barnabas, elle jeûnait (Actes 13:2–3). Pour désigner les anciens, les apôtres jeûnèrent (Actes 14:23). Le jeûne accompagnait des décisions clés et des moments de consécration.

Jésus savait aussi critiquer les jeûnes hypocrites des religieux. Ce n’était pas parce qu’il manquait de connaissance, mais parce qu’il voyait le cœur. Les pharisiens se vantaient de jeûner deux fois par semaine (Luc 18:12). Pour Jésus, le jeûne ne doit jamais devenir un motif d’orgueil ni de supériorité spirituelle, comme le pensent parfois ceux qui croient être plus puissants en raison d’une discipline religieuse.

À moins qu’il n’existe un nouveau verset dans le Nouveau Testament ajouté par des "nouveaux apôtres", le jeûne chrétien reste essentiellement personnel. Il peut aussi être pratiqué en petit groupe, selon les exemples bibliques précités. Jésus ne nous enseigne pas de jeûner pour la nation ni d'organiser des jeûnes publics dans le but de remplacer une action citoyenne ou politique. L’histoire nous parle de Dessalines, Gandhi, Fidel Castro, et tant d'autres qui ont agi pour libérer leur peuple de l’oppression, souvent sans recours au jeûne mais avec détermination et sacrifice.

Il n’est donc pas inutile pour autant de prier ou de jeûner pour sa nation car le Nouveau Testament nous exhorte à prier pour tous : “J’exhorte donc, avant toutes choses, à faire des prières, des supplications, des requêtes, des actions de grâces, pour tous les hommes.” (1 Timothée 2:1).

Et plus loin, Paul recommande de prier : “…pour les rois et pour tous ceux qui sont élevés en dignité, afin que nous menions une vie paisible et tranquille, en toute piété et honnêteté.” (1 Timothée 2:2).

Ce verset justifie pleinement la prière pour les autorités et donc, la prière pour notre pays. Il nous invite à intercéder pour que les gouvernants agissent avec justice et sagesse, permettant à la société de vivre dans la paix.

Cependant, sommes-nous assez unis, comme le recommande Jésus en Matthieu 18:19, pour espérer une réponse favorable du ciel ? Nous savons que l’unité est essentielle, surtout lorsqu’il s’agit d’intercéder pour préserver nos frères et sœurs face à une menace, comme une déportation massive. Mais aurons-nous encore besoin de trois jours de jeûne pour laver cette gêne qui souille notre dignité collective ? Et lorsque Dieu exaucera nos prières, serons-nous conscients qu’il ne nous demande pas seulement des mots, mais une vie unie, transformée, et fidèle à sa volonté ?

 Oui, Dieu peut répondre. Mais serons-nous prêts à vivre dans l’unité qu’Il souhaite ?
Pas une unité de façade. Pas une unité fondée sur la peur du malheur. Mais une unité fondée sur l’amour mutuel, la responsabilité collective, et la dignité restaurée.

Le jeûne est puissant. Il est un cri intérieur, un acte d’humiliation, une prière silencieuse adressée au ciel. Mais il n’est pas une échappatoire. Trois jours de jeûne ne peuvent effacer 362 jours de désunion, d’oubli spirituel ou de compromission nationale.

Dieu entend. Il répond. Mais il nous appelle aussi à vivre en unité, à porter ensemble le fardeau de nos familles, de nos frères et de notre terre. Le vrai miracle ne vient pas seulement après le jeûne, mais par la communion des cœurs qui persiste lorsque le jeûne est terminé.

Il est temps de cesser de cacher notre gêne sous des gestes religieux éphémères. Il est temps de faire de notre intercession un mode de vie, une marche collective, une réponse à l’appel du Christ : “Si deux d’entre vous s’accordent sur la terre pour demander une chose quelconque…” (Matthieu 18:19).

Que ce jeûne ne soit pas une pause spirituelle dans notre gêne nationale, mais le début d’une résurrection collective, fondée sur la prière, l’humilité, et surtout, l’unité.

Jérôme D. Emerson

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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